Comment savoir si l’on a des hémorroïdes ?

septembre 30, 2021 - by Dr Sarah Bekkar - in Hémorroïdes

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Les hémorroïdes sont des éléments présents normalement au niveau de l’anus chez tous et depuis la naissance. Il ne s’agit pas de simples veines mais de lacs sanguins associés à des petits vaisseaux artériels et veineux. L’ensemble est regroupé en général en 3 à 4 structures, ayant des formes framboisées unies entre elles, et fixées à la paroi de l’anus (figure 1).

On sépare habituellement les hémorroïdes internes qui tapissent le canal anal et qui ont un aspect de coussinet violacé, des hémorroïdes externes qui sont immédiatement à l’extérieur de l’anus, uniquement visibles lors de complications.

Comment savoir si l'on a des hémorroïdes ?
Figure 1 : Schéma des hémorroïdes internes et externes

Les hémorroïdes internes ne peuvent pas être identifiées par un simple toucher : pendant la consultation, il faut introduire dans l’anus, un appareil non traumatisant (anuscope) pour les examiner.

Pour savoir si l’on a des hémorroïdes pathologiques, il suffit de ressentir une gêne, des douleurs ou des saignements. Un avis avec un spécialiste proctologue vous permettra de confirmer votre hypothèse, et de différencier vos symptômes des autres pathologies anales.

Quelles sont les causes des hémorroïdes ?

De nombreuses incertitudes persistent sur les causes de la maladie hémorroïdaire. On ne sait pas très bien si les plaintes sont en rapport avec une maladie des vaisseaux ou s’il s’agit d’une maladie du système de fixation (ou d’ancrage) des hémorroïdes. De nombreux facteurs déclenchants ont été proposés mais très peu d’entre eux ont fait l’objet d’études suffisamment poussées pour les impliquer de façon certaine.

Quels sont les facteurs qui déclenchent ou aggravent les hémorroïdes ?

Parmi les facteurs les mieux documentés, on retient les troubles du transit intestinal (constipation mais aussi diarrhée), les efforts physiques, le stress, certains agents irritants médicamenteux (certains laxatifs, suppositoires utilisés dans la constipation) ou alimentaires (épices), les menstruations, la grossesse et l’accouchement. Un terrain familial propice est souvent retrouvé.

Comment faire dégonfler les hémorroïdes ?

Trois grands types de traitements sont proposés :

  • Les traitements médicamenteux,
  • les traitements instrumentaux,
  • les traitements chirurgicaux.

Quel est le meilleur remède contre les hémorroïdes ?

Les traitements médicamenteux consistent à calmer la douleur (médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires), régulariser le transit intestinal (laxatifs), à améliorer le flux veineux (médicaments dits veinotoniques), à diminuer l’œdème et à calmer l’inflammation locale (suppositoires et crèmes), protéger la paroi du canal anal (crèmes et suppositoires). On dispose aujourd’hui de données scientifiques qui valident l’utilisation de ces médicaments dans le traitement de la crise hémorroïdaire.

Les traitements instrumentaux sont faits lors d’une simple consultation, dans le cabinet du médecin ou chirurgien. Ils ont tous pour but de renforcer le soutien des hémorroïdes internes en créant une zone cicatricielle au sommet de celles-ci. Ils ne suppriment pas les hémorroïdes. La constitution d’une zone cicatricielle repose sur la création d’une brûlure minime de la paroi par un agent chimique (sclérose), thermique (photocoagulation) ou par l’apposition d’une strangulation localisée au sommet de l’hémorroïde (ligature élastique).

Ces traitements sont dans l’ensemble bien tolérés parce qu’ils sont effectués sur une zone non sensible de l’anus. Les complications observées après ces gestes concernent moins de dix pour cent des malades : il s’agit surtout de douleurs et de saignements. L’efficacité ne se fait pas sentir immédiatement et il faut parfois répéter une à deux fois les séances. La disparition des signes concerne plus de deux personnes sur trois durant la première année qui suit le traitement. Néanmoins les effets bénéfiques ont tendance à s’atténuer avec le temps. Des séances d’entretien peuvent alors être envisagées à la demande du patient en fonction des symptômes.

La chirurgie des hémorroïdes :

Il existe plusieurs techniques de chirurgie pour le traitement des hémorroïdes :

La plus « radicale » consiste à enlever complètement les hémorroïdes internes et externes : c’est hémorroïdectomie de type Milligan Morgan. Elle est réalisée sous anesthésie générale ou rachi anesthésie. L’ablation concerne habituellement les trois paquets hémorroïdaires (deux à droite et un à gauche). Les plaies sont laissées ouvertes ou partiellement fermées. La dissection peut éventuellement être réalisée par une pince bipolaire de thermofusion. Les suites de l’intervention sont habituellement douloureuses au moins pendant les 10 premiers jours. La douleur est plus intense au moment de la selle. Elle nécessite souvent le recours à des calmants puissants comme la morphine et les médicaments anti-inflammatoires. La cicatrisation est lente. Elle est achevée en moyenne 6 à 8 semaines après l’intervention. Ce geste impose en moyenne trois à quatre semaines d’arrêt de travail. La durée d’hospitalisation varie beaucoup d’un centre à l’autre (entre un et cinq jours), mais cette procédure s’effectue de plus en plus souvent en ambulatoire (le patient ne passe pas de nuit à l’hopital). Des complications existent. Dans la période précoce, il s’agit de difficultés transitoires à la reprise du transit ou à uriner, des saignements abondants qui peuvent survenir jusqu’à 3 semaines après l’intervention. Dans la période tardive, des complications rares peuvent survenir : un rétrécissement cicatriciel de l’anus (exceptionnel) ou des difficultés (en règle générale, modérées) à contrôler les gaz et les selles.

Figure 2 : Plaies en fin d’hémorroïdectomie

l’hémorroïdopexie (ou anopexie) selon Longo, consiste en un « lifting » des hémorroïdes internes : grâce à une pince mécanique, une collerette de muqueuse est enlevée au sommet des hémorroïdes internes, et une suture mécanique par agrafage est réalisée. Les hémorroïdes sont remontées mais pas enlevées, l’apport sanguin est réduit tout en renforçant le soutien du tissu hémorroïdaire dans l’anus. Elle est faite sous anesthésie générale ou rachi anesthésie.

La ligature artérielle hémorroïdaire sous contrôle Doppler (ou HAL pour Hemorrhoidal Artery Ligation) est une chirurgie dite « mini-invasive ». Elle repose sur la ligature des zones d’afflux sanguin des hémorroïdes internes. Cette méthode consiste à réaliser à l’occasion d’une courte anesthésie générale ou loco régionale, la mise en place de 6 à 8 points de suture au sommet des hémorroïdes à l’endroit où existent les petites artères qui les irriguent. Cette méthode est guidée par une sonde Doppler introduite dans l’anus. Cette technique peut être associée à une mucopexie (lifting en 1 à 6 points du canal anal à l’aide d’un fil résorbable). Il s’agit de la technique HAL – RAR (RAR pour Recto-Anal Repair). Les suites sont en général moins douloureuses et le retour à une vie normale plus rapide qu’après la chirurgie classique.

La radio fréquence des paquets hémorroïdaires est une technique chirurgicale mini invasive récente. Elle permet des traiter des hémorroïdes internes qui saignent et/ou qui sortent, sans faire de plaie, en « brûlant » grâce à une sonde de radio fréquence les paquets vasculaires. Elle est réalisée à l’occasion d’une courte anesthésie générale ou loco régionale, en ambulatoire le plus souvent. Cette technique offre de bons résultats avec des douleurs modérées et de courte durée, mais le recul est encore insuffisant pour avoir des données fiables sur les risques à long terme et sur le taux de récidive des signes hémorroïdaires.

Quels aliments Eviter en cas d’hémorroïdes ?

Bien souvent le malade consultant en proctologie, après avoir écouté les conseils de son médecin et les explications concernant le traitement à entreprendre, pose invariablement la question suivante : « Docteur, quel régime dois-je suivre? Que faut-il ne pas manger ?  »

Bien qu’en la matière les idées reçues abondent, la littérature scientifique concernant ce point particulier fait le plus souvent défaut et il convient de se méfier des soi-disant régimes miraculeux vantés ça ou là et censés faire  disparaître les hémorroïdes…

Quel aliment manger en cas d’hémorroïde ?

Le rôle de facteurs alimentaires (épices, alcool, café…), comme élément déclenchant la crise hémorroïdaire est admis par les patients. Cependant il existe peu d’études sérieuses portant sur ce sujet et leurs résultats sont discordants.

Dans deux travaux anciens (1, 2), les facteurs alimentaires classiquement incriminés (café, épices, alcool, alimentation pauvre en fibres) n’étaient pas d’un point de vue statistique associés à la survenue de troubles hémorroïdaires. Cependant deux autres travaux (3, 4) retrouvent un rôle néfaste des épices et de l’alcool, et le travail de Sielezneff et al. concluait également à une influence délétère de la consommation de tabac. S’il paraît licite de conseiller aux malades ayant constaté le rôle néfaste de certains aliments de les éviter autant que possible, il est probablement inutile d’imposer un évitement systématique des épices ou du vin blanc à ceux n’ayant jamais constaté de lien de causalité entre leurs agapes et leur anus…

Les troubles du transit ont été mis en causes dans la maladie hémorroïdaire. Le rôle de la constipation chronique est cependant discuté puisque suspecté dans les années 70 (5) et ensuite remis en cause par deux autres travaux épidémiologiques montrant une discordance des courbes de prévalence des deux affections. Dans une enquête récente, la survenue d’un épisode de constipation aiguë était associée à un risque de crise hémorroïdaire multiplié par 4 (4) et un autre travail montrait que si la fréquence des selles était identique chez les malades ayant des problèmes d’hémorroïdes et les sujets non hémorroïdaires, la sensation de devoir pousser excessivement ou d’exonérer de façon incomplète était plus fréquente chez les premiers (6). Ces éléments permettent de plutôt conseiller une alimentation riche en fibres (fruits, légumes verts, son…) lorsque l’on souffre de maladie hémorroïdaire.

Sources :

Société Nationale Française de Colo-Proctologie

• Brondel H, Gondran M.Facteurs prédisposants liés à l’hérédité et à la profession dans la maladie hémorroïdaire. Arch Fr Mal App Dig 1976;65(7):541-50.

• Denis J. Etude numérique de quelques facteurs éthiopathogéniques des troubles hémorroïdaires de l’adulte. Arch Fr Mal App Dig 1976;65:529-36.

• Sielezneff I, Antoine K, Lecuyer J, Saisse J, Thirion X, Sarles JC, et al.Y a-t-il une corrélation entre les habitudes alimentaires et la maladie hémorroïdaire?. Presse Med 1998;27(11):513-7.

• Résultats d’une enquête sur la recherche d’évènements déclenchant ou influençant la crise hémorroïdaire. (enquête PREDIC). François Pigot, Laurent Siproudhis, François-André Allaert. Gastroenterol Clin Biol 2005 (sous presse).

• Burkitt DP. Varicose veins, deep vein thrombosis, and haemorrhoids: epidemiology and suggested aetiology. Br Med J 1972;2(813):556-61.

• Johannsson HO, Graf W, Pahlman L. Bowel habits in hemorrhoid patients and normal subjects. Am J Gastroenterol 2005;100(2):401-6.

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Dr Sarah Bekkar

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