Qu’est-ce que l’anesthésie ?
L’anesthésie est la suppression des sensations (et en particulier de la douleur) afin de permettre la réalisation d’un acte médical ou chirurgical qui autrement serait trop douloureux. L’anesthésie peut viser une toute petite partie du corps (anesthésie locale), un membre ou une région (anesthésie loco-régionale) ou l’organisme entier (anesthésie générale).
Les techniques d’anesthésie modernes sont un des piliers de la récupération rapide après chirurgie qui réduit les complications et vous permet de retrouver plus rapidement tous vos moyens et votre autonomie.
La récupération rapide des patients après chirurgie, également appelée réhabilitation précoce, « Fast-Track-Chirurgie », vise la reprise d’une autonomie active et complète du patient, le plus rapidement possible après la chirurgie. Chaque étape, chaque soin y est optimisé et organisé afin de réduire la durée de séjour et les risques de complications péri-opératoires. Elle a été initialement développée par le Pr Henrik Kehlet au Danemark en 1995 pour la chirurgie du gros intestin. La récupération rapide après chirurgie se combine idéalement avec les techniques chirurgicales mini-invasives telles que la cœlioscopie..
La cœlioscopie (prononcer cé-lio-, de cœlio- « cavité abdominale », et -scopie « regarder »), appelée également laparoscopie (du grec laparos « creux », et -scopie « regarder »), est une technique d’endoscopie médicale utilisée pour le diagnostic (cœlioscopie proprement dite) ou l’intervention chirurgicale (cœliochirurgie). L’instrument utilisé, appelé endoscope, est composé d’un tube optique muni d’un système d’éclairage et d’une caméra vidéo retransmettant l’image sur un écran.
La consultation pré-opératoire par le chirurgien
La consultation pré-opératoire est une mesure de sécurité obligatoire et obligatoire avant tout acte de chirurgie. Elle permet de :
- Prendre contact avec le chirurgien afin d’instaurer une relation de confiance et de réduire l’anxiété bien normale que vous ressentez,
- Confirmer ou moduler l’indication de l’acte chirurgical, mesurer la difficulté opératoire de l’acte,
- Vous expliquez le déroulement de l’acte chirurgical,
- Permettre au chirurgien de s’enquérir de votre état de santé : antécédents médicaux et chirurgicaux, traitements en cours, allergies éventuelles,
- Réaliser les éventuels examens radiographiques ou biologiques nécessaires,
- Vous prescrire un traitement qui permettra d’accompagner la chirurgie afin que les temps per et post opératoires soient les plus agréables possibles,
- Vous fournir les conseils pré-opératoires et post-opératoires indispensables (hygiène, régime…
La consultation pré-anesthésique par un médecin anesthésiste
Elle constitue également une mesure de sécurité obligatoire avant tout acte de chirurgie. Elle permet au médecin anesthésiste d’évaluer les risques, de définir, avec vous, la technique d’anesthésie qui sera utilisée, mais aussi et surtout de vous rassurer en vous donnant toutes les informations et en répondant à vos questions.
Cette consultation doit avoir lieu au maximum 48 heures avant tout intervention nécessitant une anesthésie – sans dépasser un délai de 3 mois -, quel que soit le type d’anesthésie (anesthésie générale, anesthésie loco-régionale, anesthésie locale et sédation). Son objectif est de diminuer la morbidité (les complications) et la mortalité péri-opératoire. Dans l’idéal, elle se fait 1 à 2 semaines avant un acte programmé et dure de 20 minutes à 1 heure, selon l’importance de l’acte chirurgical et vos fragilités éventuelles. Elle permet au médecin anesthésiste de s’enquérir de votre état de santé : antécédents médicaux et chirurgicaux, traitements en cours, tabagisme, allergies éventuelles à des médicament, lors d’anesthésies antérieures, au latex…,
Ce n’est pas toujours le médecin anesthésiste qui vous voit en consultation qui assurera votre anesthésie plus tard, mais n’ayez pas d’inquiétude car la liaison entre médecins anesthésistes est assurée grâce au dossier d’anesthésie.
Juste avant l’intervention, une nouvelle consultation pré-anesthésique a lieu, appelée visite préopératoire qui permet au médecin-anesthésiste qu’il n’y a eu aucun changement depuis la consultation pré-anesthésique. Cette fois-ci, c’est bien le médecin-anesthésiste qui va vous endormir qui doit réaliser cette visite préopératoire.
Chirurgie ambulatoire
Aujourd’hui en France, quatre interventions chirurgicales sur dix sont réalisées de façon ambulatoire, et huit fois sur dix pour l’opération de la cataracte, en raccourcissant à une seule journée votre hospitalisation. Vous rentrez donc le matin pour être opéré le jour même et vous ressortez le soir, vous passez donc de quelques heures à moins de 12 heures à la clinique ou à l’hôpital.
Les interventions les plus courantes de chirurgie ambulatoire sont l’ablation de la cataracte, les extractions des dents de sagesse, la cure de varices et de hémorroïdes, les arthroscopies, la cure des hernies. Mais des interventions de plus en plus complexes sont aussi réalisées : l’ablation de la vésicule biliaire, certaines interventions gynécologiques, le traitement des ligament du genou, de pathologie de la main, de l’épaule. Certains établissements de soins très spécialisés commencent à pratiquer des interventions ambulatoires encore plus audacieuses : ablation du gros intestin ou d’une partie du poumon pour cancer, appendicectomie, pose d’une prothèse de genou et/ou de hanche, chirurgie réduisant le volume de l’estomac chez les personnes obèses, chirurgie conservatrice pour cancer du sein.
Avantages de la chirurgie ambulatoire
La chirurgie ambulatoire réduit les risques d’infections associées aux soins et de phlébites, car ceux-ci augmentent avec la durée d’hospitalisation ; un confort psychologique pour vous avec un taux de satisfaction élevé (90 %) du patient et de sa famille ; une réduction des coûts pour les établissements de santé et l’Assurance maladie.
Déroulement d’une journée en chirurgie ambulatoire
La chirurgie ambulatoire implique une organisation irréprochable, basée la maîtrise du geste opératoire, des suites opératoires, sur la gestion des risques opératoires et anesthésiques et sur votre information. Au cours de votre journée d’hospitalisation, vous allez suivre un « parcours clinique » codifié, que les personnels vérifient étape par étape : accueil, consultation pré-opératoire, passage au bloc pour l’intervention, passage en salle de réveil pour surveillance, retour dans l’unité d’hospitalisation pour remise sur pied pour pouvoir rentrer à domicile, information continue et remise de documents destinés à votre médecin traitant et aux infirmiers libéraux pour d’éventuels pansements. Quand vous repartirez le soir, obligatoirement accompagnés par une tierce personne, vous pourrez marcher, vous n’aurez pas de nausées et votre douleur sera bien contrôlée.
Dans environ 2 % des cas, survient un imprévu (saignement, récupération incomplète de l’anesthésie…) qui va nécessiter votre hospitalisation pour la nuit, éventualité qui est prévue systématiquement par l’établissement de soins.
La chirurgie ambulatoire s’adresse-t-elle à tout le monde ?
Oui, dès l’âge de 3 mois et sans limite d’âge. Elle est la solution de choix chez les personnes âgées en raison du moindre risque de perte de repères et de confusion qui peuvent découler d’une hospitalisation de quelques jours.
Toutefois, certaines conditions sont nécessaires pour pouvoir bénéficier de la chirurgie ambulatoire, vous devez :
- être joignable par téléphone, avoir compris et pouvoir appliquer les consignes de soins et d’hygiène à domicile,
- être raccompagné le soir de votre intervention chirurgicale,
- ne pas rester seul (sauf quelques exceptions) la première nuit après une anesthésie générale. Mieux vaut passer la première nuit en compagnie d’un proche (famille, voisin, ami).
Comment vous préparer à votre intervention de chirurgie ambulatoire ?
- Veiller à amener le jour de vos consultations de chirurgie ou d’anesthésie votre dossier médical complet avec une ordonnance récente mentionnant votre traitement habituel.
- Relisez bien les consignes qui vous ont été données.
- N’hésitez pas hésiter à écrire vos questions, pour ne rien oublier de demander le jour de vos consultations.
- Passez à l’avance à la pharmacie prendre les médicaments prescrits pour votre retour à domicile, afin de regagner tranquillement votre domicile directement après l’intervention.
- Préparez des glaçons si un refroidissement de la zone opératoire vous a été préconisé.
- Préparez à l’avance quelques provisions pour des repas légers au cours des premiers jours suivant l’intervention.
- Vous ne devez pas conduire au cours des 48 premières heures après l’intervention, car vous pourriez être encore sous l’influence des produits anesthésiques .
Comment se déroule votre retour à domicile ?
Des prescriptions de médicaments, des consignes post-opératoires et éventuellement un arrêt de travail vous ont été remis.
En cas de difficultés, vous pouvez contacter l’unité de chirurgie ambulatoire qui vous a pris en charge. Un numéro de téléphone figure sur les documents qui vous ont été remis. Ce numéro est accessible 24h/24h. L’unité de chirurgie ambulatoire vous rappellera le lendemain pour prendre de vos nouvelles.
Votre médecin traitant a été informé de votre hospitalisation (compte-rendu opératoire, lettre de sortie, double des prescriptions, résultats d’examens). Vous pouvez le joindre, notamment si vous devez reprendre certains traitements que l’on vous avait demandé d’interrompre avant l’intervention (anticoagulant par exemple).
Faut-il avoir peur de l’anesthésie générale ?
Le but de l’anesthésie générale est de suspendre temporairement votre conscience et votre sensibilité à la douleur avant le coup de bistouri. L’anesthésie générale suscite encore des inquiétudes « j’ai peur de ne pas me réveiller », alors qu’en France, le nombre annuel d’anesthésies est passé de 3,6 à 8 millions. depuis les années 1980, avec un taux de mortalité en rapport avec l’anesthésie divisé par dix.
Comment se préparer avant l’anesthésie ?
Vous devez être à jeun depuis au moins six heures afin de ne pas régurgiter de liquide gastrique dans les poumons, ce qui pourrait vous asphyxier. Abstenez-vous de fumer car le tabac peut entraîner une toux et des difficultés respiratoires en plus de provoquer une hypersécrétion acide et de ralentir la vidange de l’estomac.
La prémédication
Une heure avant l’anesthésie, une infirmières vous donne un tranquillisant à avaler afin de vous détendre et de faciliter votre endormissement.
Pendant l’intervention…
Vous êtes mis sous perfusion afin de garantir votre sécurité et d’entretenir l’anesthésie. Le médecin-anesthésiste est présent pendant toute la durée de l’intervention et surveille vos fonctions vitales dont votre respiration qui selon le type de chirurgie et d’anesthésie va nécessiter une simple assistance par masque facial avec de l’oxygène ou bien une intubation (installation d’un tube dans la trachée) et un respirateur.
Après l’anesthésie…
Vous allez vous réveiller peu à peu en salle de réveil afin de contrôler le retour à la normale des fonctions respiratoires et l’absence de survenue de complications. Parfois, surviennent des effets indésirables (nausées, vomissements, agitation). La douleur peut également être présente qui sera évaluée puis contrôlée par des médicaments adéquats.
Anesthésie et chirurgie chez les personnes âgées
Seize pour cent de la population française aura plus de 85 ans en 2020. La prise en charge péri-opératoire d’un patient âgé, voire très âgé, est différente de celle d’un patient jeune du fait de modifications physiologique (l’âge) et pharmacologiques (la plus grande sensibilité aux médicaments). Distinguons toutefois différents profils de personnes âgées chez lesquels à âge identique, les risques et des besoins péri-opératoires sont très différents :
- « les vigoureux ou robustes » au vieillissement réussi. Autonomes avec peu de comorbidités, ils ne présentent que des modifications physiologiques et pharmacologiques liées à leur âge ;
- « les fragiles » avec perte plus marquée des réserves disponibles en cas d’augmentation de complication, sont à plus haut risque de mortalité, de séquelles ou d’évolution vers la dépendance en cas d’évènement intercurrent (confusion, chute, infection…). Néanmoins, le dépistage de cette fragilité, puis une prise en charge active physique, cognitive, nutritionnelle et sociale permet de limiter les conséquences sur les suites postopératoires ;
- « les dépendants-polypathologiques » constituent l’essentiel des personnes âgées. La mise en évidence de leurs comorbidités et de leurs dépendances permet de discuter ces risques avec les bénéfices attendus de l’intervention proposée.